samedi 16 mars 2013

#14 - V.

Je ne me souviens plus quand j'ai commencé. Enfin, RE-commencé, plutôt : la première fois, c'était peu après mon mariage, quand les remarques sur mon inactivité ont commencé à faire trop mal. Et puis j'ai trouvé un travail, et j'ai cru que tout était rentré dans l'ordre. J'ai insisté pour arrêter, très vite. Trop vite. J'ai eu tort, bien sûr.

Il m'a fallu longtemps pour l'admettre. Il m'a fallu longtemps pour accepter de recourir une nouvelle fois à cette aide, pour accepter de reconnaître que, seule, je n'allais pas y arriver. Ce devait être peu après ma séparation d'avec mon ex-mari, je pense. Six ans. Cela doit faire six ans que je suis sous traitement. Si longtemps ?

Parfois, j'ai pensé pouvoir rompre. Avant qu'un nouvel aléa ne vienne me rappeler la fragilité de mon équilibre.

Longtemps, j'ai pensé pouvoir m'en passer. J'avançais dans ma vie, sans différence notable, jusqu'à ce qu'une sensation de vertige assez désagréable vienne me rappeler que, ce matin-là, je n'avais pas eu le petit geste qui rythmait d'ordinaire mon quotidien.

Depuis quelques semaines, quelques mois, le spleen et le mal-être qui m'assaillent me font prendre conscience du dépassement du cycle de vingt-quatre heures, bien avant que les symptômes du sevrage brutal ne fassent leur apparition.

Aujourd'hui, je sais que mon traitement risque de se poursuivre un bon moment encore. Et je le vis, quelque part, comme un échec.

Je n'avance pas seule dans la vie. Ma compagne s'appelle Venlafaxine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire